Empusa, en occitan, c’est l’empuse,  un insecte extraordinaire que l’on peut trouver tout l’hiver dans la garrigue, en bordure de nos vignes. C’est le diablotin cher à Jean Henri Fabre.

 

 

Vin blanc Empusa 2023

 Les raisins sont vendangés à la main, foulés au pied, et pressés grâce à un pressoir vertical.
Après un très léger débourbage, le moût de blanc est envoyé dans une cuve inertée au CO2 pour fermentation avec une petite partie de pellicules réincorporées (5%), cela permet d’assurer une population levurienne assez importante pour réaliser une fermentation spontanée.
Le vin est suivi pendant cette phase de fermentation, quelques aérations sont réalisées par remontage pour permettre aux levures de travailler correctement. Une fois la fermentation alcoolique achevée, le vin est élevé sur lies sans sulfite et la fermentation malolactique prends le relais.
Cette phase d’élevage permet au vin de se clarifier en limitant les risques d’oxydation, et la fermentation malolactique étant faite, le vin est stable pour être mis en bouteille par gravité sans ajout de SO2.

 

 

Dégustation Vin blanc Empusa :

Ce vin blanc à la robe limpide saura vous séduire par son originalité, un subtil équilibre entre
fraîcheur et rondeur. Le nez est marqué par des notes de fruit à chair blanche, de noisette, le tout
empreint d’une certaine minéralité.
En bouche, l’attaque est franche, sapide et le gras est équilibré par de jolis amers et une bonne acidité en finale. C’est un vin blanc gastronomique que l’on appréciera de l’apéritif au dessert. Il s’accordera particulièrement bien avec les viandes blanches et
poissons en sauce, la cuisine exotique et surtout les fromages à pâte pressée.

L’empuse

La mer, première nourrice de la vie, conserve encore dans ses abîmes, beaucoup de ces formes singulières, discordantes, qui furent les essais de l’animalité ; la terre ferme, moins féconde, mais plus apte au progrès, a presque totalement perdu ses étrangetés d’autrefois. Le peu qui persiste appartient surtout à la série des insectes primitifs, insectes d’industrie très bornée, de métamorphoses très sommaire, presque nulles. Dans nos régions, au premier rang de ces anomalies entomologiques qui font songer aux populations des forêts houillères, se trouvent les Mantiens dont fait partie la Mante religieuse, si curieuse de mœurs et de structure. Là prend place aussi l’Empuse (Empusa pauperata. Latr.).

Sa larve est bien la créature la plus étrange de la faune terrestre provençale, fluette, dandinante et d’aspect si fantastique que les doigts novices n’osent la saisir. Les enfants de mon voisinage, frappés de sa tournure insolite, l’appellent le diablotin. Dans leur imagination, la bizarre bestiole confine à la sorcellerie. On la rencontre, toujours clairsemée, au printemps jusqu’en mai, en automne, en hiver parfois si le soleil est vif.

Les gazons coriaces des terrains arides, les menues broussailles abritées de quelques tas de pierres en chaude exposition, sont la demeure favorite de la frileuse. Donnons-en un rapide croquis. Toujours relevé jusqu’à toucher le dos, le ventre s’élargit en spatule et se convolute en crosse. Des lamelles pointues, sortes d’expansions foliacées, disposées sur trois rangs, hérissent la face inférieure, devenue supérieure par le retournement. Cette crosse écailleuse est hissée sur quatre longues et fines échasses, sur quatre pattes armées de genouillères, c’est-à-dire portant vers le bout de la cuisse, au point de jonction avec la jambe, une lame saillante et courbée semblable à celle d’un couperet.

Au-dessus de cette base, escabeau à quatre pieds, s’élève, par un coude brusque, le corselet rigide démesurément long et rapproché de la verticale. L’extrémité de ce corsage, rond et fluet comme un fétu de paille, porte le traquenard de chasse, les pattes ravisseuses, imitées de celles de la Mante. Il y a là harpon terminal, mieux acéré qu’une aiguille, étau féroce, à mâchoires dentées en scie. La mâchoire formée par le bras est creusée d’un sillon et porte de chaque côté cinq longues épines, accompagnées dans les intervalles de dentelures moindres. La mâchoire formée par l’avant-bras est canaliculée pareillement, mais sa double scie, que reçoit au repos la gouttière du bras, est formée de dents plus fines, plus serrées, plus régulières. La loupe y compte une vingtaine de pointes égales pour chaque rangée. Il ne manque à la machine que d’amples dimensions pour être effroyable engin de tortionnaire.

La tête s’accorde avec cet arsenal. Oh ! la bizarre tête !

Frimousse pointue, avec moustaches en croc fournies par les palpes ; gros yeux saillants ; entre les deux, une dague, un fer de hallebarde ; et sur le front quelque chose d’inouï, d’insensé : une sorte de haute mitre, de coiffure extravagante qui se dresse en promontoire, se dilate à droite et à gauche en aileron pointu et se creuse au sommet en gouttière bifide. Que peut faire le diablotin de ce monstrueux bonnet pointu, comme ni les mages de l’Orient ni les adeptes de l’art trismégiste n’en ont jamais porté de plus mirobolant ?…

(souvenirs entomologiques, Jean Henri Fabre)